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Interview mit Le Temps vom 6.10.2020

Interview mit der Redaktion von Le Temps

Interview mit der Redaktion von Le Temps, © Auswärtiges Amt/Botschaft Bern

06.10.2020 - Interview

Que connaissez-vous de la Suisse ?

Avant tout Genève, d'où vient mon mari. C'est grâce à lui que j'ai appris le français (langue dans laquelle s'est faite toute l'interview). Je connais pour l'instant moins la Suisse-alémanique.

Nous vous rencontrons à la veille de la réunification. Comment célébrer une fête nationale en période de coronavirus ?

Ce genre d'occasion devrait permettre aux gens de se rencontrer. Cette année il n'y aura malheureusement pas de fêtes dansantes mais nous essayons de faire le maximum de manière électronique. A Potsdam, une grande exposition gratuite a été organisée en extérieur pour pouvoir respecter les mesures de distanciation. Quant à moi, je suis allé à l'école allemande de Genève ce vendredi, pour rencontrer la jeunesse. Tout le monde était masqué. Cela s'est très bien passé.

La Réunification est-elle un moment joyeux ?

Je pense que oui. Mais on n'y réfléchit plus tous les jours. Pour les gens de ma génération qui ont passé 30 ans de leur vie avant la chute du mur et 30 ans après, c'est toujours quelque chose de fort. Pour les plus jeunes c'est devenu normal.

Et dans 30 ans ? Que peut-on souhaiter à l’Allemagne ?

Dans trois décennies la Réunification sera comme un vieux film en noir et blanc. Le pays n'a été séparé qu'entre 1949 et 1989. C'est court dans notre histoire. J'espère que l'Allemagne continuera de célébrer ce moment. Car il n'a pas été simple à obtenir.

La Russie et l'Allemagne de l'Est avaient alors des liens très forts. Or, Angela Merkel s’est récemment rendue au chevet d'Alexeï Navalny, ennemi de Moscou. Est-ce qu'un nouveau chapitre de confrontation s'ouvre entre les deux pays?

Nous avons toujours eu des relations étroites avec la Russie. Souvenez-vous par exemple de l'idée d'un partenariat de modernisation initié dans les années 2000 par Angela Merkel lors de la présidence de Dmitri Medvedev. Puis il y a eu l'annexion de la Crimée, l’intervention russe en Syrie et désormais l'affaire Navalny, avec une intoxication au Novitchok, un agent neurotoxique. Nous ne sommes toutefois pas en confrontation bilaterale sur le cas de Navalny. Ce sont des questions qui concernent tous les États signataires de la convention sur les armes chimiques, dont la Suisse

Encore un mot sur l'international : le Brexit. Sans Royaume-Uni, l'Allemagne devient le poids lourd de l'Europe. Comment envisage-t-elle son rôle futur ?

En 2014, Ursula von der Leyen, qui était Ministre de la Défense à l’époque, s’était exprimée lors d'une conférence pour dire que l’Allemagne devait s'engager davantage en politique étrangère et de sécurité. Ces promesses ont-elles été réalisées ? A mon avis, le bilan est mixte. Une nouvelle sorte de distribution du travail doit se mettre en place. L'Allemagne fera sa part.

L'une des grandes réformes du moment est celle de Schengen - Dublin. Quelle importance a-t-elle pour Berlin ?

C'est primordial. L’Europe a subi les conséquences des grands mouvements migratoires des années 2015 et 2016 et il est clair qu'un un nouvel effort solidaire est nécessaire . Cette réforme peut prouver que nous ne sommes pas uniquement réunis ar des intérêts économiques mais que nous sommes aussi une fédération de valeurs.

Et quel est votre message à la Suisse ?

Concernant les questions de réfugiés et d’asile, la Suisse est liée à l’Union européenne via les Accords de Schengen et de Dublin. Chacun doit faire son devoir. Ni plus, ni moins. La Suisse montre toutefois beaucoup de solidarité, ce qui ne passe pas inaperçu. La contribution suisse à cette tâche européenne est très appréciée en Allemagne.

La population a refusé l'initiative de limitation de l'UDC dimanche dernier. Un message positif ?

Nous sommes soulagés du résultat. Cela va permettre de continuer d'avoir une bonne relation entre l'UE et la Suisse. Mais nous ne devons pas nous arrêter là. Les premiers accords ont 21 ans et le monde progresse. Il faut les moderniser, les dynamiser. Je crois qu'il est dans l’intérêt de la Suisse de faire un pas dans notre direction.

En ce qui concerne les négociations autour d'un accord-cadre, comprenez-vous qu’il y ait des réticences en ce qui concerne le droit à la citoyenneté ou la protection des salaires ?

Je comprends qu’il y ait une certaine peur. En partie exploitée par des forces politiques. Mais il faut savoir ce que la Suisse veut. En Allemagne, nous disons que nous avons retrouvé notre souveraineté à la réunification. Mais nous avons aussi cédé beaucoup de pouvoirs en rentrant dans l’UE. Et nous en voyons les bénéfices. La souveraineté à tout prix peut avoir des conséquences négatives.

Et tant que pays voisin vous avez intérêt à ce qu'il n'y ait pas de rupture.

Oui. Un intérêt que nous partageons avec l'Italie, la France et l'Autriche. C’est aussi pour cela que nous nous engageons. Et que nous espérons. Il y a peu, j’étais invité à Lucerne pour faire du fact-checking lors d'un débat sur l'Europe. C'est peut-être aussi cela le rôle de l'Allemagne dans ce dossier. Questionner les mythes et revenir sur les faits objectifs.

Vous parlez de faits objectifs. Un problème touche le monde entier en ce moment : le complotisme. A Berlin cela a débouché sur une attaque du Reichstag. Comment y répondre ?

C'est un phénomène qu’on retrouve partout. Il est plus facile de mettre la faute sur des théories fantaisistes que d'essayer de résoudre les problèmes. Le coronavirus accentue la chose. Mais ces forces n’ont aucune réponse aux questions contemporaines. Pour enrayer le problème, je crois que les médias ont aussi leur rôle à jouer. Les gens qui contredisent le courant dominant font vendre. Mais il faut faire attention de ne pas donner trop de place à certains discours minoritaires.

Ultime question : la Suisse a donné son accord à l'achat de nouveaux avions de combat. Pourquoi devrait-on acheter l’Eurofighter européen ?

Nous sommes heureux que la Suisse ait décidé de ne pas devenir plus dépendante de la protection européenne. Il est important pour nous d'avoir des partenaires dans chaque espace. Si la Suisse avait dit non, cela aurait créé un trou sécuritaire au milieu de l'Europe. Concernant l'avion, il faut demander aux techniciens pour les détails techniques. Mais je pense que l'offre Eurofighter est favorable. Ce serait un bon moyen de créer des synergies avec notre partenaire helvétique.

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